GRAND DICTIONNAIRE LATIN OLIVETTI


384. Alexander territos castigare, adhortari, prælium quod jam elanguerat solus accendere (Curt. IV, extr).
L'infinitif construit avec l'accusatif s'emploie de deux manières, comme sujet et comme objet d'une proposition. Il est sujet partout où il faudrait mettre le nominatif si l'on remplaçait l'infinitif par un substantif. Tels sont les phrases où l'on trouve les expressions suivantes : justum, æquum, verisimile, consentaneum, apertum, certum est, apparet, constat, oportet, necesse est, opus est, expedit, intelligitur, perspicitur et d'autre locutions semblables :
Victorem parcere victis æquum est
Constat profecto ad salutem civium inventas esse leges
(Cic. de leg. II, 5)
Legem brevem esse oportet, quo facilius ab imperitis teneatur (Sen. Epist. 94)
Magnis in laudibus tota fere fuit Græcia victorem Olympiæ citari (Nep. praef.).
Il est donc inexact de dire que cet accusatif avec l'infinitif est régi par verum est, constat, oportet, etc. puisque l'infinitif est ici le nominatif, et qu'on aurait pu dire : Æquo est victoria humanitas ; legum brevitas necessaria est.

385. L'accusatif avec l'infinitif sert d'objet aux verbes dont le sens est complété par une autre proposition ; tels sont ceux qui expriment les opérations des sens ou de l'esprit, et ceux qui signifient annoncer (verba sentiendi et declarandi) comme : audio, video, sentio, animadverto, cognosco, intelligo, percipio, disco, scio, opinor, suspicor, credo, cogito, censeo, existimo, duco, statuo, memini, recordor, obliviscor, dico, scribo, perhibeo, refero, nuncio, confirmo, nego, ostendo, demonstro, promitto, polliceor, spondeo, voveo et plusieurs autres dont la signification primitive est sentir, savoir, penser, dire.
Après ces verbes ou après d'autres locutions qui ont le même sens, on met l'infinitif et le sujet de la proposition subordonnée se trouve à l'accusatif :
Sentit animus se suā vi, non alienā moveri (Cic.)
Ego ne utilem quidem arbitror esse nobis futurarum rerum scientiam.
Les phrases subordonnées qui commencent par que et qui dépendent des verbes dont nous venons de parler s'énoncent donc par l'accusatif avec l'infinitif : scio eum hoc fecisse, je sais qu'il l'a fait. Les incidentes qu'on ajoute à ces phrases subordonnées se mettent au subjonctif. Il faut ici remarquer :
1) que les pronoms personnels, qui n'accompagnent les autres modes du verbe que lorsqu'on veut donner de l'énergie à l'expression, doivent toujours accompagner l'infinitif lorsqu'ils lui servent de sujet ;
2) que le pronom réfléchi (sui, sibi, se) s'emploie non seulement dans la proposition subordonnée, si elle contient quelque chose qui se réfère à la proposition principale, mais aussi dans les propositions incidentes qui expriment des paroles ou des pensées du sujet de cette proposition principale. Ainsi l'on dira Cæsar se sui commodi causā arma cepisse dicebat. Cæsar postquasn nihil sibi ac suis postulatis tributum esset, se non sui conmodi sed ipsius reipublicæ causā arma cepisse dicebat.